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mercredi 20 mars 2019

Commémoration 19 mars 2019


Le Comité de Limoges, entouré des Élus et accompagné d'une délégation d'élèves du lycée Gay-Lussac de Limoges, a célébré ce mardi 19 mars 2019 la fin des hostilités de la guerre Algérie, Maroc, Tunisie.
Jean-Louis Beullé, président du comité de Limoges, a ouvert cette cérémonie puis élus, camarades et historien ont successivement lu des textes rappelant au souvenir ceux qui ont perdu la vie pendant ce conflit.
Les élèves du lycée Gay-Lussac ont à leur tour honoré la mémoire des disparus en lisant un texte historique et le message du Comité National de la FNACA.


L'accent a été mis sur le fait que, de nos jours, ce devoir de mémoire doit avant tout rapprocher les jeunes de ces pays pour faire passer le message universel de paix, d'amour et d'amitié.

Retour en images sur cette cérémonie

 
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Lettre ouverte aux Limougeauds (extraits)

19 mars 2019

Lettre ouverte aux Limougeauds « Morts pour la France » en A.F.N.

Vivre en Limousin quand on a 20 ans, dans les années 1950-1960, c’est assurément mener une existence sereine dans l’immédiate après-guerre. On peut parler « de douceur de vivre » au pays de l’arbre et de l’eau et la Vienne, majestueuse, arrose la cité de la porcelaine.

Célèbre dans le monde entier pour l'industrie porcelainière et les manufactures de chaussures, Limoges est une ville ouvrière connue pour ses luttes syndicales au début du vingtième siècle. Il n'y a que deux établissements scolaires réservés à quelques-uns, le lycée Gay-Lussac pour les garçons et le lycée de jeunes filles pas encore appelé Léonard Limosin. Les enfants issus du milieu paysan passent leur certificat d'études primaires, tout comme les fils d'ouvriers, d'employés ou de commerçants dans les villes, puis partent se frotter à la dure réalité du monde du travail qui est de 48 heures par semaine...

Dans ce monde d'après-guerre qui se reconstruit, on apprécie la paix, mais là-bas, tout là-bas, en Indochine, dès 1946, c'est une autre guerre qui démarre, mais c'est loin, à l'autre bout du monde. A partir de 1952, les attentats se multiplient en A.F.N. mais on attend…

L'assassinat de Guy MONNEROT le premier novembre 1954, ce jeune instituteur de 23 ans parti enseigner dans un coin perdu d'un département français déshérité, étonne, surprend, et plonge les Limougeauds dans le désarroi. Depuis quelques temps déjà, certains appelés du contingent sont dirigés vers le Maroc et la Tunisie.     

François MITTERRAND, ministre de l'intérieur, tape du poing  sur  la table  et  Pierre MENDÈS-FRANCE, Président du Conseil,  affirme  que « La  France n'abandonnera jamais l'Algérie ». Peu à peu, les conscrits sont appelés directement sur cette terre pour maintenir l'ordre dans des départements français.
Les actualités évoquaient 1'Algérie et auraient presque donné envie de partir tout de suite corriger ces bandits, ces égorgeurs qui massacraient une Algérie française si belle.
           
A la fois épine dans le pied et poignard dans le dos, 1'Algérie va conditionner totalement la vie des garçons de 20 ans. Mariage, engagements personnels, installation professionnelle, tout va dépendre de cet incontournable service militaire en Algérie et d'un retour aléatoire.


Personne ne peut supposer encore qu'entre 1954 et 1962, tous les jours, toutes communautés confondues, ce seront 110 personnes, numériquement parlant, qui vont mourir et parmi celles-ci, 10 soldats français qui vont tomber sur le sol algérien, chaque jour, pendant 8 ans.

Sans rechigner, à un moment qui participait alors au destin de la France, de son Histoire, tous les garçons de 20 ans, ou presque, iront défendre la France en Algérie dont 37 originaires de Limoges ne reviendront pas dans une métropole indifférente. Là-bas, c'est la guerre et on meurt. Ici, on travaille et on s'amuse et on ne veut pas savoir sauf si l'on est concerné...

A Limoges, avant de partir en Algérie ou au cours d'une permission, on se rend au café Le Trianon ou au Paris. Le samedi soir ou le dimanche après-midi, on va danser au Faisan ou à La Paix, mais certains préfèrent la Salle des Mutilés où il y a bal le jeudi soir.

En allant fracasser leur innocence sur les murs de la casbah, sur les roches des Aurès ou de Kabylie, certains reviendront traumatisés dans un monde qui va les engloutir. La fiancée, l'épouse, la mère ne reconnaît plus le garçon romantique, jovial, tel qu'il était 2 ans auparavant. On ne se reconnaît plus, on ne se retrouve plus …

Le 19 mars 1962 annonce la fin du conflit et ce sont les Mémoires de toutes les victimes qui sont reconnues pour ce « jour de recueillement et de souvenir ».

Pour les appelés du contingent, cela annonçait la fin du cauchemar, la fin de 1'Algérie, le retour à plus ou moins long terme en métropole. Moins chanceux que leurs camarades qui sont là pour penser à eux, ils ne connaîtront pas la transformation de leur ville, jadis grise, et aujourd'hui remplie de lumières et embellie par de superbes massifs floraux.

Aujourd'hui, 19 mars 2019, rassemblés autour de cette date, souvenons-nous, recueillons nous…
  
Lecture par Monsieur
Jean-Pierre GAILDRAUD



 



 

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